Pour résumer simplement, le travail de bibliothécaire d’orchestre consiste à faire en sorte que chaque musicien ait en face de lui, la bonne partition quand commence le concert. C’est assez simple à résumer, mais ce n’est que le résultat d’un long travail qui commence très en amont de la période du Festival. Derrière chaque œuvre, se cache tout un processus de commande, d’archivage, d’annotations et de préparation.
Une fois la programmation fixée, la première étape consiste à prendre contact avec les différents chefs d’orchestre pour confirmer quelle version ils souhaitent jouer au festival, puis trouver l’éditeur qui possède les droits de cette version.
Ensuite, il faut adapter les partitions à l’orchestre de Verbier. Parfois on modifie la partition pour qu’elle corresponde à l’orchestre, parfois on modifie l’orchestre pour qu’il corresponde à la partition.
Il y a également un travail d’archivage. Il faut numériser chaque partition pour permettre aux musiciens de commencer à répéter avant leur arrivée à Verbier.
C’est à ce moment-là aussi que débute le travail minutieux de report des annotations dans chaque partie, pour chaque musicien (coups d’archets, nuances…). Annotations demandées par le chef d’orchestre ou les solistes.
Au Verbier Festival, il y a aussi toute une programmation de musique de chambre à préparer pour les concerts de l’Academy et ceux de l’Église et des Rencontres Inédites.
Puis, à la fin de chaque concert, il faut archiver les partitions. C’est une étape importante car elle permet de garder une trace des annotations et donc des interprétations d’une même œuvre selon les années et les artistes.
Je suis bibliothécaire au Verbier Festival depuis 2017. Chaque année, c’est un nouveau challenge et des nouvelles rencontres humaines et artistiques. J’aime ce métier car il est à la croisée de presque toutes les facettes d’un concert : la technique, l’artistique, la régie, la communication… En partant d’une simple partition, il faut trouver les informations qui serviront aux autres départements pour préparer le concert (le nombre de musiciens, les instruments, la durée de l’œuvre, le nombre de mouvements…)
Juliette Bertrand
Bibliothécaire des orchestres
Le principal trait de mon caractère:
La flexibilité !
Mon principal défaut:
Être un peu maniaque du contrôle
Ma principale qualité:
Être toujours fiable
Mes héros dans la fiction:
Mon Fox Terrier Louis XVII et mon Jack Russel Oona
Mes héros dans la vie réelle:
Les personnes en paix avec la conscience de leur propre mortalité
People who have peace of mind when it comes to their sense of mortality
Ma nourriture et boisson préférées:
Du bon pain avec du beurre ou de l’huile d’olive avec du vin rouge
Ce que je déteste par-dessus tout:
Les comportements égoïstes et intolérants, les gens qui sont constamment sur leur téléphone au lieu de parler ou de prêter attention aux autres, et je ne pense pas que je survivrais si j’étais coincée dans un ascenseur ou tout autre espace étroit sans fenêtres
Le don de la nature que je voudrais avoir:
J’aimerais être un peintre de talent
Comment j’aimerais mourir:
De vieillesse, sans douleur, dans la nature, entouré des gens que j’aime et avec le sentiment d’avoir été utile à au moins quelques êtres vivants au cours de ma vie
Ma devise:
Ne fais rien que tu n’aimerais pas que l’on te fasse
22.07
Église
Laetitia Le Guay-Brancovan
NOUVEL ALBUM MISCHA MAISKY IN VERBIER
Works by Bruch, Tchaikovsky, Grieg R. Strauss, Juon, Schubert, Rachmaninoff
Mischa Maisky
Martha Argerich
Lily Maisky
Sascha Maisky
Verbier Festival Orchestra
Verbier Festival Chamber Orchestra
Charles Dutoit
Verbier Festival Gold – Overview | Deutsche Grammophon
« Le Verbier Festival amène une touche de culture dans la station qui manquerait autrement. La musique est une véritable source d’énergie pour Verbier. »
Mathilde, 29 ans
« Rhapsody in blue extended » : un dialogue jubilatoire avec Gershwin
Coup d’envoi de la série Projector au cinéma de Verbier. Paul Lay, salué comme l’un des plus brillants pianistes de jazz français, prix Django-Reinhart et grand prix du disque jazz de l’Académie Charles Cros, convie avec son Trio à une soirée d’improvisation
Paul Lay, Rhapsody in Blue de Gershwin sera au centre de votre concert. Quel est votre lien à cette œuvre ?
Gershwin est un merveilleux compositeur pour les musiciens de jazz. Par ses mélodies incroyables, il a vraiment façonné l’histoire du jazz – son Songbook reste un matériau inépuisable – et nous improviserons d’ailleurs ce soir sur certaines d’entre elles. Mais le cœur de la soirée, ce sera Rhapsody in Blue dont on fête cette année le centenaire. La partition est fascinante par la façon dont le classique et le jazz s’y mêlent. Gershwin était d’une famille d’origine russe installée à New York et il a opéré dans sa musique une synthèse extraordinaire entre sa culture européenne et les sons du jazz naissant, américain et afro-américain. Pas seulement par le célèbre glissando de clarinette ! Gershwin emprunte au jazz des matériaux harmoniques, des cadences harmoniques (enchaînement d’accords spécifiques), une couleur de blues et même du swing. Le jour de la création, il était au piano et improvisait. Plus tard seulement, il a tout fixé par écrit.
Votre concert s’intitule Rhapsody in Blue « extended ». Une extension dans la durée ?
L’œuvre de Gershwin est fondée sur 4 thèmes qui évoluent et varient au fil du temps. J’ai voulu la remodeler en y ouvrant des fenêtres pour improviser. La partition dure 15 minutes, notre improvisation fera le double. Avec mes amis Clemens van der Feen, à la contrebasse, et Gautier Garrigue, à la batterie, nous partirons de thèmes que tout le monde connaît, pour réinventer chacun d’eux en temps réel, sous la forme d’une variation spontanée. Nous mettons dans cette réinvention les émotions qui nous traversent nous racontons l’histoire que nous voulons raconter. Pas n’importe comment bien sûr, il y a un héritage, des codes, une histoire du jazz !
Le point de départ est écrit, mais quand nous improvisons, nous n’avons plus rien sur la partition, juste une grille d’accords sur la portée : une grille harmonique.
Chaque musicien a son narratif, son imaginaire. Comment se structure une improvisation à trois ?
Je me produis avec Clemens et Gautier depuis 10 ans, nous avons donc besoin de peu de répétitions. Nous sommes connectés et en confiance les uns avec les autres, ce qui est essentiel car l’improvisation est fondée sur l’instant. Le pianiste improvise, le bassiste harmonise, la batterie donne le rythme : c’est une conversation à trois. On part de la mélodie. On joue avec elle. On se fonde donc sur le rythme, le matériau harmonique, mais aussi sur les silences Le silence crée la tension en faisant respirer.
Quand une idée surgit du collectif, il faut laisser la musique s’exprimer par l’interaction des trois musiciens et faire en sorte que l’improvisation tienne dans la durée.
Nous devons nous faire confiance mutuellement pour que cette matière organique soit dynamique, pertinente pour l’auditeur. Une part du mental s’en va, on arrive au lâcher prise total. Tout peut se produire. Nous ne savons pas où nous la musique nous mène, mais seulement dans de belles contrées. C’est jubilatoire.
Vous êtes l’un des pianistes de jazz français les plus remarqués. Vous avez aussi une formation classique. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le jazz ?
Quand je l’ai découvert à 10 ans, j’ai été immédiatement séduit par ses règles du jeu. Dans le classique, il faut trouver la liberté dans l’interprétation. Dans le jazz, je crée mon discours. C’est un terrain de jeu fertile. C’est aussi un art très démocratique quand il est en groupe
Chacun laisse les autres s’exprimer, au service d’une forme collective qui surgit, qui nous embarque, qui nous dépasse. Nous accédons alors à un état de grâce, ce n’est plus nous qui jouons, mais le collectif qui joue.
Je me sens vraiment vivant dans cette intensité de l’instant. Je suis heureux de faire ce métier-passion, cette passion qui est devenue un métier.
19.07
Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan
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