Le Quotidien 2024-07-23

 

Le mot de…

Hervé Boissière


Chaque jour, un membre de l’équipe vous raconte son Verbier Festival

Lorsque j’ai quitté Verbier l’été dernier, après un 17e Festival diffusé en direct sur medici.tv, jamais je n’aurais imaginé qu’un an après, je me retrouverais aux côtés de Martin pour assumer la co-direction de ce Festival que j’aime immensément depuis tant d’années. Quel honneur et quelle joie de rejoindre cette équipe formidable et quelle responsabilité désormais sur mes épaules pour défendre et développer les valeurs qui ont fait que Verbier est un événement musical unique au monde. C’est en tout cas une étape merveilleuse de ma vie et très émouvante symboliquement, car c’est à Verbier en 2007 que j’avais créé medici.tv.

Depuis le 15 avril 2024, je me plonge donc avec gourmandise et détermination dans tous les aspects du Verbier Festival. Faire en sorte que le rêve un peu fou de Martin continue de grandir et de s’exprimer avec la plus grande exigence et le maximum de générosité envers nos artistes, notre public et nos équipes. C’est un challenge passionnant et le potentiel devant nous est immense. Fort de solides bases patiemment construites depuis 31 ans, le Festival a une capacité d’action et de rayonnement bien au-delà de son rendez-vous annuel de 17 jours dans nos superbes montagnes du Valais.

« Art is a Guaranty of Sanity » peignait sur sa toile la géniale artiste Louise Bourgeois. Cette phrase a toujours guidé mon action et je suis très heureux de pouvoir participer à cette mission avec vous aujourd’hui, ici à Verbier.

Je vous souhaite un merveilleux Verbier Festival 2024.

Hervé Boissière
Co-Directeur Général

Programme
du jour

Prochains concerts

23.07 | 18:30 | Cinéma | Diffusion en direct | Concert symphonique | VFCO / Rattle / Kavakos / Mäkelä / Shani | CHF 30.–

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24.07 | 18:30 | Combins | Musique du monde | Kidjo / Namekawa / Orchestre APPASSIONATO / Herzog

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Le questionnaire de Proust

Nobuyuki Tsujii


Chaque jour, un artiste se prête au jeu !

Le principal trait de mon caractère:

Personnalité brillante, positivité

Mon principal défaut:

Dans certains cas, je peux être très têtu

Ma principale qualité:

Je ne crains pas les défis

Mes héros dans la fiction:

Dieu du piano

Mes héros dans la vie réelle:

Chopin !

Ma nourriture et boisson préférées:

Sushi et bière

Ce que je déteste par-dessus tout:

Les insectes qui volent près de mon oreille

Le don de la nature que je voudrais avoir:

Communiquer dans plusieurs langues

Comment j’aimerais mourir:

Je choisirais de manger des sushis jusqu’à ce que je tombe raide mort

Ma devise:

Ne jamais abandonner !

Mainstage

Le périlleux Triple concerto de Beethoven

 

Sous la direction de Sir Simon Rattle, Leonidas Kavakos, Klaus Mäkelä et Lahav Shani relèvent le défi d’une partition singulière. Une distribution de choix pour une page chambriste et virtuose

Le charme d’un climat de musique de chambre dans le premier mouvement, un Largo où prédomine le chant du violoncelle, un Finale enlevé sur un rythme de polonaise, le Triple Concerto pour violon, violoncelle et piano exerce une séduction immédiate. Il est aussi l’une des pages les plus singulières du répertoire concertant. Au croisement du genre du Trio avec piano, en vogue à Vienne à l’époque, et du concerto grosso (un petit groupe d’instruments en opposition au reste des musiciens), Beethoven innove : il fait dialoguer trois instruments avec l’orchestre en donnant à chacun une égale importance.
Équilibre entre le violon, le violoncelle et le piano, virtuosité des parties de chacun, relation des trois avec l’orchestre : la partition est un défi. Il lui faut trois solistes de premier plan qui aient en même temps entre eux la complicité d’un Trio constitué.
Cette difficulté explique la relative rareté de l’œuvre en concert. Au disque, les réussites cachent parfois des mésaventures. Pour preuve l’amusant récit laissé par Sviatoslav Richter dans ses souvenirs. Le pianiste y raconte comment, après une interprétation magnifique en concert à Moscou, avec ses concitoyens David Oïstrakh et Mstislav Rostropovitch, tous trois furent invités par Herbert von Karajan à enregistrer l’œuvre à Berlin avec lui. L’alchimie merveilleuse du concert tourna à l’affrontement entre deux clans : Karajan et Rostropovitch d’un côté, Richter et Oïstrakh de l’autre. « Le tempo du deuxième mouvement, entre autres choses, était bien trop lent » confia le pianiste. « Il endiguait le flot naturel de la musique. C’était du chiqué, et ça ne plaisait ni à Oïstrakh ni à moi. Mais Rostropovitch avait retourné sa veste. » Pas question de se laisser faire quand on est Richter : « Je jouais exprès en retrait, pas tant pour contrarier Oïstrakh, mais parce que Rostropovitch m’exaspérait. J’insistai à la fin pour faire une prise supplémentaire. Non, non, me répondit Karajan, nous n’avons plus le temps, il reste à faire la photographie. »
La version de 1969 n’en reste pas moins, au milieu d’une quarantaine de références, l’une des plus remarquables du disque. Elle se réécoute avec bonheur, comme quelques autres versions historiques de premier choix : enregistrement de Wolfgang Schneiderhan, Pierre Fournier et Géza Anda avec Ferenc Fricsay ou du Beaux-Arts Trio avec Bernard Haitink.
Leonidas Kavakos, Klaus Mäkelä et Lahav Shani prennent ce soir la relève à Verbier !

 

Laetitia Brancovan


23.07 | 18:30 | Cinéma | Concert symphonique | VFCO / Rattle / Kavakos / Mäkelä / Shani

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Academy

Sandrine Piau :
le chant est notre envol

 

Chanteuse baroque recherchée, Sandrine Piau est fêtée dans bien d’autres répertoires : l’opéra en général, notamment contemporain, le Lied et bien sûr la mélodie française, l’un de ses répertoires de prédilection. Elle assure cet été à Verbier trois masterclasses d’interprétation.
Entretien face aux montagnes qui sortent peu à peu des nuages. Au cœur des échanges : la pédagogie, la mélodie et, de fil en aiguille, la musique dans le monde d’aujourd’hui.

Sandrine Piau, vous avez donné ce matin votre première masterclass à Verbier. Quelles sont vos impressions ?

D‘abord, un sentiment d’admiration ! Nous commencions au cinéma à 10h. La première étudiante a ouvert la matinée avec Apparition, une mélodie dans l’aigu de Claude Debussy, un défi vocal à cette heure-là. L’élan de la jeunesse m’enthousiasme et me donne de l’énergie.

La masterclass publique est un exercice difficile parce que contradictoire. Chanter en public met l’élève en situation de représentation, donc de camouflage de ses défauts. Or pour que le professeur puisse lui indiquer le geste, la technique qui lui apportera la solution à un problème, il faut que le jeune laisse apparaître ses failles. Chacun des étudiants dispose avec moi de trente minutes, un temps d’autant plus court pour se dévoiler que le chant est un art très intime. On chante avec son corps, sans la médiation d’un instrument. Un défaut dans votre interprétation et vous vous remettez en cause immédiatement.

La personnalité vocale, dites-vous, se révèle dès la première attaque.

L’attaque vocale est une carte d’identité. Elle définit le chanteur ou la chanteuse, comme le timbre de sa voix. Démarrer est un vertige, identique à tout ce qui, dans la vie, nous fait passer d’un état à un autre. Ici, le passage du silence au son.

Quand l’étudiant commence, je sens tout de suite s’il est ancré dans le sol, si son souffle est bas, calme et profond. Il faut qu’il installe cette respiration profonde, quitte à la transgresser ensuite pour une intention musicale particulière, par exemple si la mélodie est haletante. Mais même alors, la mémoire de la respiration organique doit demeurer. Un autre moyen, pour l’attaque, est de s’appuyer sur l’introduction instrumentale s’il y en a une : vous vous glissez dans la musique qui a commencé, vous la prolongez ou vous dialoguez avec elle.

 

Masterclasses avec Sandrine Piau

 

 

Vous avez consacré à la mélodie vos trois disques les plus récents, dont l’album Reflet, qui a reçu un Diapason d’or. Quelle est la place de la mélodie aujourd’hui ?

La mélodie est un répertoire dont l’audience se raréfie en dehors d’un public de niche, mais qui, lui, reste très vivace. On ne saurait parler de désaffection et si, en plus, vous associez la mélodie française à d’autres répertoires, le public se déplace en nombre. J’aime particulièrement faire des récitals de mélodies et Lieder dans des langues variées, pour montrer comment un même sentiment, un état similaire, est coloré par la langue. Je vois des couleurs quand je chante. Elles sont diaprées, nacrées transparentes lorsque j’interprète de la mélodie française. 

Comment se travaillent ces couleurs ?

La technique vocale s’apprend comme une gymnastique : chanter plus fort, plus haut, plus grave, plus timbré, en un mot, plus efficace que le quidam. À  l’opéra, vous êtes dans la vocalité. Le Lied et la mélodie sont le retour du naturel dans le chant, la transgression du beau geste vocal, ce qui suppose une grande maîtrise technique.

Dans la mélodie, vous devez jouer avec les mots, les iriser, faire vivre l’univers poétique jusqu’à prendre le risque de détimbrer parfois, comme si vous racontiez un conte à un enfant, en mettant le ton. Détimbrer peut s’avérer si beau ! Je cherche pour cela avec les étudiants une souplesse vocale extrême.

Il faut aussi dialoguer avec le piano, souligner les dissonances – nombreuses dans la mélodie française – par des sons filés, sans vibrato. Le chant baroque est finalement moins éloigné de la mélodie que le grand répertoire lyrique.

Comment voyez-vous le monde d’aujourd’hui ?

Sans aucun optimisme… Mais l’art est notre rédemption, notre façon à nous, humains capables du pire, de créer de la beauté. La musique, la peinture, la littérature, l’art est notre immortalité. Je ne parle pas ici de la pérennité des œuvres : tout disparaîtra. L’immortalité est dans l’instant de l’émotion artistique et en particulier musicale. Le chant est un envol, loin de la pesanteur du monde.

Propos recueillis par Laetitia Le Guay-Brancovan

 

Il était une fois…


Aujourd’hui, un clin d’œil particulier

Le 23 juillet est l’anniversaire de notre chère Co-directrice artistique Blythe Teh Engstroem.
Joyeux anniversaire Blythe !!!
.

 

VF Gold

Les trésors des archives du Verbier Festival


Chaque jour, découvrez un album
de notre playlist VF Gold

DANIIL TRIFONOV, CHAMBER MUSIC

BEETHOVEN
Piano Trio No. 5 in D Major, Op. 70 No. 1 « Geistertrio »

SMETANA
Piano Trio in G Minor, Op. 15

Daniil Trifonov · Ilya Gringolts · Truls Mørk · Leonidas Kavakos · Gautier Capuçon

 

Trifonov Plays Chamber Music (Live) – Album by Daniil Trifonov, Ilya Gringolts, Truls Mørk, Leonidas Kavakos & Gautier Capuçon – Apple Music

 

 

Un regard sur Verbier


Chaque jour, une devinette en photo

Devinez où ce détail a été photographié ? Réponse demain dans le prochain numéro

Réponse du Quotidien d’hier : La sculpture en fer située sur le rond point, Rue du Centre Sportif.

 

À la rencontre
d’une festivalière


Chaque jour, un festivalier nous décrit en une phrase le Verbier Festival

« Nous venons très régulièrement et ce que nous aimons tout particulièrement c’est de voir de voir une telle variété de musiciens talentueux réunis en un seul lieu lors des concerts et des classes de maître. »

Melissa, 38 ans et Youn, 42 ans. Venues de Corée du Sud

 

 

Nicolas Namoradze :
« Mindful recital»

Comment mieux entrer dans la musique au concert ? Et y rester concentré ? Les « Récitals conscients » de Nicolas Namoradze ouvrent des pistes, alternant piano et exercices de méditation du public. Expérience inédite garantie. 

Il n’est pas fréquent qu’un soliste de renommée internationale, qui plus est lauréat du très prestigieux prix international de piano Honens de Calgary (Canada) se double d’un chercheur en neurosciences. Tel est le profil exceptionnel de Nicolas Namoradze, actuellement en résidence au Verbier Festival. Diplômé en neuropsychologie de l’Institute of Psychiatry, Psychology and Neuroscience du King’s College de Londres, Namoradze a centré ses recherches sur la pratique mentale et la pleine conscience, en lien avec l’interprétation musicale. Il est le créateur d’IDAGIO Mindfulness, plateforme multimédia explorant les intersections entre la musique et les sciences cognitives. Soliste et chercheur, Namoradze possède également un parcours de pédagogue brillant. Il est aujourd’hui professeur de piano et de musique de chambre au CUNY Graduate Center et à la Juilliard School.

 

Cet été, Namoradze est à l’affiche d’une demi-dizaine d’activités du Verbier Festival : des masterclasses, des rencontres proposées par l’ideaLab d’UNLTD sur le thème « musique et cerveau » et un concert cet après-midi. Ce dernier entremêlera des œuvres de Ligeti, Scriabine et Rachmaninoff, entrecoupées d’explications et d’exercices de méditation. « Il est normal que notre pensée vagabonde, confie le pianiste. Nous sommes sur-sollicités par les médias sociaux, l’information en continu. De nombreuses personnes regrettent leur mauvaise concentration, en particulier au concert. J’essaie de donner des outils, à travers de courts exercices. Par exemple, aider le public à se fixer sur ce qu’il doit écouter, observer. Á noter la manière dont le corps réagit. « Nous écoutons avec nos muscles », disait Nietzsche. Le Covid a été une période propice à la réflexion sur les nouveaux moyens de diffusion et d’écoute de la musique. Et sur la santé mentale. C’est de tout cela que sont nés mes « Mindful recitals » et ils connaissent un très grand succès ».

 

23.07 | 14:30 | Hameau | exhale : mindful recital (en) | Nicolas Namoradze

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