VFO / KLAUS MÄKELÄ / YUNCHAN LIM

L’Île des Morts est une œuvre singulière dans la production de Rachmaninoff ; sorte d’Ouverture des Hébrides macabre et labyrinthique, elle fut inspirée non par le fameux tableau du même nom d’Arnold Böcklin, mais par une reproduction en noir et blanc de celui-ci ; si bien que lorsque le compositeur découvrit le véritable tableau en couleurs, sa déception fut telle qu’il avoua qu’il n’aurait jamais composé l’Île des Morts si on lui avait d’abord présenté l’original !  

Œuvre marquée par le poids des tragédies qui émaillent la vie du compositeur dans les années 1910 et 1920, le quatrième Concerto pour Piano porte en lui les angoisses de l’exil du compositeur, puis la tragédie de la disparition prématurée de son gendre. Mal compris par la critique de l’époque, privilégiant la poésie à la virtuosité brute, Rachmaninov imposa de nombreuses révisions à son œuvre, qui constitue pourtant un fascinant témoignage biographique de cette période de la vie du compositeur, également influencé par la musique de son pays d’adoption, et celle de Gershwin en particulier.  

Réhabilitée par Klaus Mäkelä depuis un enregistrement avec l’Orchestre de Paris qui n’en finit plus de récolter les éloges, la version originale de L’Oiseau de feu, qui retrouve avec sa mouture d’origine son sens de la narration, met en évidence la filiation du compositeur avec Rimsky-Korsakov, et la ductilité poétique de son discours.